MORCEAUX CHOISIS

Tristan et Yseult

Le 23/11/2022

 

Tristan, prince à la cour de Marc’h,

Git blessé au fond d’une barque.

Il a terrassé le Morholt

Et s’éloigne sur la mer folle.

Au Nord, à quelques encablures,

Mêlant au vent sa chevelure,

Yseult, sur la grève sablée

Rêve à son destin, esseulée.

Tristan vogue jusqu’en Irlande

Et la reine enfin le guérit.

Sa harpe vibre ; Yseult sourit,

Puis il part retrouver ses landes.

Le roi Marc’h espérait alors

Se marier. Une hirondelle

Lui apporta un cheveu d’or

D’Yseult : le vieux Marc’h veut icelle.

 

Tristan s’en va chercher la belle,

Embue de chagrin ses prunelles.

Sur le bateau, à leur retour,

Ils boivent le philtre d’amour.

Yseult, que le roi prend pour femme,

Voit Tristan quand le jour se pâme,

Mais on les surprend. Marc’h, fâché,

Les condamne au feu du bûcher.

Tour à tour, les amants s’échappent,

Se réfugient dans la forêt,

Pour enfin pouvoir s’adorer

Sous les feuillages qui les drapent.

Tristan veut que sa souveraine

Devant la cour prête serment.

Yseult ainsi redevient reine ;

Les amants se voient rarement.

 

Dans son château du Léonnois,

Tristan se marie. Nulle joie

Ne brille. Son amour le ronge ;

C’est toujours à Yseult qu’il songe.

Sa femme, outrée de ce dédain,

Prévient son frère, Kaherdin.

Tristan voudrait qu’on le comprenne,

Alors, vers Yseult, il l’entraîne.

Au retour, des brigands le blessent ;

Seule Yseult pourrait le sauver.

Kaherdin s’en va la trouver.

Un gréement dans le ciel se dresse.

Tristan, trompé, croit qu’il est noir,

Redit le nom de son Amour.

Yseult, qui s’en vient, mais trop tard,

L’embrasse et s’éteint à son tour.

 

Sur leur tombe, amants éternels,

Deux arbres jumeaux s’entremêlent.

 

Rémy

Solo

Le 13/11/2022

J’ai soif de ces moments dans un désert d’autrui:

J’imagine, je vois, je rêve et je ressens,

Dans un souffle de soi soudainement puissant,

Sans chaînes, sans carcan, sans personne, sans bruit.

 

Je crains la vacuité et l’ombre de la nuit:

J’erre, je me morfonds et, sans fin, je descends

Les sentiers sans passant, si lassants, impuissant;

Nul parent, nul ami, nul amour: je m’ennuie!

 

Seul, je compte les jours, mais les jours comptent, seul.

Que préférer : l’amour au secret d’un linceul,

Pour frôler l’absolu, toucher la plénitude

 

Dans la proximité , banale, vide et morne

Ou dans un plein néant, idéal et sans bornes,

Dans la réalité ou dans la solitude?

 

Rémy

Mélancolie d'automne

Le 13/11/2022

Sous les feux  pâlissants d’un soleil plus timide,

Les oies sauvages fuient, en quête de chaleur,

Et les feuilles rouillées choient sur le sol humide,

Tapissant le sous-bois de leurs mornes couleurs.

 

Les petits animaux vont trouver le sommeil

Aux creux des grands bouleaux, sous quelque grise pierre;

La vigne, dans les champs, s’est parée de vermeil;

La campagne répand ses senteurs saisonnières.

 

C’est la vie qui s’endort! Mélancolie d’automne!

L’univers dépouillé, la nature au secret;

C’est le froid, c’est la pluie et des jours monotones!

C’est la Mort, aujourd’hui, pour que tout se recrée…

 

Rémy