Tristan, prince à la cour de Marc’h,
Git blessé au fond d’une barque.
Il a terrassé le Morholt
Et s’éloigne sur la mer folle.
Au Nord, à quelques encablures,
Mêlant au vent sa chevelure,
Yseult, sur la grève sablée
Rêve à son destin, esseulée.
Tristan vogue jusqu’en Irlande
Et la reine enfin le guérit.
Sa harpe vibre ; Yseult sourit,
Puis il part retrouver ses landes.
Le roi Marc’h espérait alors
Se marier. Une hirondelle
Lui apporta un cheveu d’or
D’Yseult : le vieux Marc’h veut icelle.
Tristan s’en va chercher la belle,
Embue de chagrin ses prunelles.
Sur le bateau, à leur retour,
Ils boivent le philtre d’amour.
Yseult, que le roi prend pour femme,
Voit Tristan quand le jour se pâme,
Mais on les surprend. Marc’h, fâché,
Les condamne au feu du bûcher.
Tour à tour, les amants s’échappent,
Se réfugient dans la forêt,
Pour enfin pouvoir s’adorer
Sous les feuillages qui les drapent.
Tristan veut que sa souveraine
Devant la cour prête serment.
Yseult ainsi redevient reine ;
Les amants se voient rarement.
Dans son château du Léonnois,
Tristan se marie. Nulle joie
Ne brille. Son amour le ronge ;
C’est toujours à Yseult qu’il songe.
Sa femme, outrée de ce dédain,
Prévient son frère, Kaherdin.
Tristan voudrait qu’on le comprenne,
Alors, vers Yseult, il l’entraîne.
Au retour, des brigands le blessent ;
Seule Yseult pourrait le sauver.
Kaherdin s’en va la trouver.
Un gréement dans le ciel se dresse.
Tristan, trompé, croit qu’il est noir,
Redit le nom de son Amour.
Yseult, qui s’en vient, mais trop tard,
L’embrasse et s’éteint à son tour.
Sur leur tombe, amants éternels,
Deux arbres jumeaux s’entremêlent.
Rémy